1. Home
  2. Actu
  3. Ami avec un people: des personnalités romandes témoignent
Société

Ami avec un people: des personnalités romandes témoignent

Se soutenir en cas de coups durs, rire ensemble, partager des moments inoubliables et rester proches malgré les aléas de la vie... La relation qu’on entretient avec son alter ego amical nous aide souvent à avancer dans l’existence. Mais peut-on continuer à tisser ce lien lorsque la célébrité entre en jeu? Quatre duos se sont prêtés à l’exercice.

Partager

Conserver

Partager cet article

A gauche: KT Gorique (à droite) et Tutur. A droite: William Besse et son ami Stéphane

Photo de gauche: Sur scène, KT Gorique et Tutur partagent l’esprit hip-hop. Dans la vie, ils sont liés par une amitié sincère. Photo de droite: Comme les gamins qu’ils ont été, William Besse et Stéphane rigolent encore ensemble après plusieurs décennies d’une amitié qui s’est solidifiée au fil du temps.

Julie de Tribolet

«C’est quelqu’un qui a une parole, qui est honnête»

William Besse, 55 ans, et Stéphane Latapie, 54 ans, amis depuis l’enfance

«C’est la plus belle amitié que je pourrais avoir!» Entre l’ancien champion de ski William Besse, 55 ans, et son pote Stéphane Latapie, 54 ans, le lien est si fort que les mots ne suffisent pas à l’exprimer. Ecoliers complices, adolescents téméraires, puis adultes soudés, les deux Valaisans s’apprécient depuis l’enfance. «On vient du même village, de Bruson. On se côtoyait déjà à l’école», indique Stéphane. En hiver, la station de ski quasiment sur le pas de la porte leur ouvrait les bras. «Wils était mordu de ski et plus souvent que moi sur les lattes.»

Dans les épisodes marquants de leur amitié, ils se souviennent de leur périple au Canada en 1991. «William était déjà là-bas et je l’ai rejoint sur place, mais mon arrivée ne s’est pas passée comme prévu: mon avion a dû faire demi-tour à cause des intempéries et je suis arrivé avec vingt-quatre heures de retard. J’étais content de savoir qu’il était là et qu’il m’attendait.» Car c’est là la qualité principale du skieur, selon son ami: «Je peux compter sur lui, c’est quelqu’un qui a une parole, qui est droit et honnête.» Le principal intéressé hoche la tête. Une complicité, une émotion vibre entre eux. Ils partagent les mêmes pensées, des souvenirs qui se passent de mots, matérialisés uniquement par un rire ou un regard.

L'ancien champion de ski William Besse avec son meilleur ami Stéphane Latapie

Comme les gamins qu’ils ont été, William (debout) et Stéphane rigolent encore ensemble après plusieurs décennies d’une amitié qui s’est solidifiée au fil du temps.

Julie de Tribolet

Ces six semaines au Canada les font grandir. «Ça a scellé notre amitié», illustre William. Hasard ou non, c’est dans les trois années suivantes qu’il connaîtra ses meilleurs résultats sur le Cirque blanc, avec quatre victoires en Coupe du monde, notamment une sur la piste mythique du Lauberhorn. Et lorsqu’il met un terme à sa carrière sportive en 1999, il peut compter sur son ami. Celui-ci, garde forestier du val de Bagnes, lui propose du travail. «C’est grâce à lui que j’ai eu cette passion pour la forêt et aussi que j’ai découvert les sculptures à la tronçonneuse.» Amis d’enfance, les voilà travaillant ensemble pour quelques mois. «C’est aussi le parrain de ma fille», ajoute Stéphane pour preuve supplémentaire de ce lien indéfectible.


«Elle m’a aidé à être une meilleure version de moi-même»

KT Gorique, 32 ans, et Arthur Nimi, 31 ans, amis depuis douze ans
La rappeuse valaisanne KT Gorique avec son meilleur ami Tutur

Sur scène, KT Gorique (à dr.) et Tutur partagent l’esprit hip-hop. Dans la vie, ils sont liés par une amitié sincère.

Julie de Tribolet

Entre KT Gorique, 32 ans, et Arthur Nimi, 31 ans, il y a plus d’éclats de rire que d’éclats de flash durant le shooting photo. Une amitié de plus de dix ans unit la rappeuse valaisanne et le danseur vaudois. «Je me rappellerai toujours notre première rencontre à un battle de danse dans une boîte de nuit en Valais», raconte Arthur, de son nom de scène Tutur. «J’avais gagné ce battle avec mon équipe, mais KT m’avait fortement impressionné et on a gardé contact à travers les réseaux sociaux. Ensuite, j’ai vu qu’elle avait commencé le rap et je lui ai dit que si elle avait besoin d’un danseur, je viendrais avec plaisir.» C’était en 2012. Depuis, Tutur a rejoint la troupe de KT Gorique et la suit en tournée en tant que «backeur» et danseur.

Pour la décrire en un mot, pas besoin de chercher longtemps: «Catégorique!» lâche-t-il dans un éclat de rire partagé. «Elle sait où elle va et ce qu’elle a à défendre. On a envie de la suivre parce qu’on sent que c’est authentique. Elle m’a aidé à être une meilleure version de moi-même.» Si cette qualité lui permet de garder sa voie, cela peut aussi se transformer en entêtement. «Quand elle a une idée en tête, elle ne se laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour déroger à cette idée.» Un trait de caractère qui l’aide pourtant à progresser. «Si je n’arrive pas à faire quelque chose, je vais essayer de trouver une autre façon de le faire. Je suis têtue pour les bonnes raisons», plaisante KT Gorique.

Pour elle, son meilleur ami est aussi un miroir: «Arthur est la voix de la raison, il m’aide à me rendre compte de la manière dont les gens me voient.» Cela est apparu durant la tournée à la Réunion et à l’île Maurice, lors d’une sortie dans un club de nuit. «On était un groupe de quatre personnes à attendre à l’entrée de la boîte. Soudain, une femme a vu KT et on a pu entrer gratuitement», explique Arthur. La chanteuse est encore peu habituée à ces situations, mais après avoir été la première rappeuse suisse à fouler la Grande Scène de Paléo, en juillet 2023, sa célébrité risque de lui ouvrir de plus en plus de portes.


«Si je fais une blague, je sais qu’elle comprend»

Vania Alleva, 54 ans, et Paola Ferro, 70 ans, amies depuis vingt-cinq ans
Vania Alleva avec sa meilleure amie Paola Ferro

Vania (à g.) et Paola partagent la même culture italienne. Avec les mêmes références, le courant passe plus facilement et les rires ne sont pas rares.

Julie de Tribolet

Une amitié de plus de vingt-cinq ans lie Vania Alleva, 54 ans, actuelle présidente d’Unia Suisse, et Paola Ferro, 70 ans, aujourd’hui journaliste retraitée. «On s’est connues vers 1996 ou 1997, se souvient Paola, avec un sourire complice vers son amie. A cette époque-là, je m’occupais du journal du SIB (Syndicat industrie et bâtiment, ndlr) avec une collègue alémanique et nous cherchions une personne qui soit à l’aise à la fois en allemand et en italien.»

Le jour de leur rencontre a influencé l’évolution de carrière de Vania, même si ni l’une ni l’autre ne s’en doutait sur le moment. «J’ai vu qu’elle avait du potentiel, mais elle n’est pas carriériste.» La présidente d’Unia confirme: «Je me donne à fond sur chaque projet pour le mener à bon port, mais je n’ai pas de plan de carrière pour devenir ci ou ça par la suite.» Pourtant, l’ascension de celle qui s’est occupée de différents domaines dans le syndicat a de quoi inspirer. Responsable du secteur tertiaire d’Unia, membre du comité directeur, elle est élue coprésidente en 2012 avant d’occuper seule cette fonction dès 2015. «Qu’une femme issue de l’émigration accède à ce poste était un moment historique pour tout le monde, raconte Paola en revivant l’émotion. Les émigrés sont nombreux parmi les membres et ils étaient émus de voir une personne avec la double nationalité devenir présidente du syndicat.»

Une double nationalité suisse et italienne qui a également cimenté l’amitié des deux femmes. «Je trouve qu’on a souvent plus d’affinités avec quelqu’un qui partage la même langue et la même culture. Si je fais une blague, par exemple, je sais qu’elle va comprendre.» L’ancienne journaliste ajoute que Vania se démarque par son honnêteté et son approche des gens. «Ce ne sont pas eux qui la sollicitent, mais elle qui va vers les gens.» Cette dernière acquiesce, révélant qu’elle trouve de l’énergie dans ces échanges. Optimiste, elle voit toujours le verre à moitié plein. «Quand il y a une défaite, on doit aller de l’avant et préparer la prochaine victoire en défendant les droits des travailleurs et travailleuses.»


«Je lui tenais la main pour qu’il ne se noie pas»

Nuit Incolore, 22 ans, et Kenny Manixab, 22 ans, amis depuis près de quatre ans
Nuit Incolore avec son meilleur ami Kenny Manixab

Ils se sont rencontrés lors d’une fête au bord du lac de Neuchâtel. Depuis, Nuit Incolore (à dr.) et Kenny sont inséparables, malgré la célébrité et la distance.

Julie de Tribolet

«Bonjour, enchanté, merci d’avoir pu vous libérer.» En arrivant à notre studio photo, Nuit Incolore, ou Théo Marclay pour les intimes, et son ami Kenny Manixab, 22 ans tous les deux, feignent de ne pas se connaître. Une blague entre eux, comme celles qui les ont rapprochés depuis la soirée du 25 juillet 2020. «On s’est rencontrés à l’anniversaire d’un ami commun. Depuis, on ne se lâche plus», témoigne Kenny, ingénieur en télécommunications à Fribourg. Lors de cette première rencontre au bord du lac de Neuchâtel, il était déjà question de ne pas se lâcher: «Théo avait enlevé ses lunettes pour aller se baigner et j’ai dû faire office de guide parce qu’il ne voyait rien. Je lui tenais la main pour qu’il ne se noie pas.

A cette époque, Nuit Incolore ne compte qu’une cinquantaine d’auditeurs sur Spotify. «J’étais son 54e auditeur.» Avec plus de 1 million de personnes qui l’écoutent aujourd’hui et son succès grandissant sur les scènes de toute la francophonie, Nuit Incolore voyage beaucoup entre Paris et la Suisse. «Il est resté la même personne malgré cette progression, je trouve ça assez fou», sourit celui qui dit être plus attaché à Théo qu’à son alter ego flirtant avec la célébrité.

Mais n’ont-ils pas peur de perdre ce lien? Nuit Incolore retrouve son sérieux. «Honnêtement, c’est moins facile qu’avant, car on se voyait quasiment tous les deux jours. Kenny est l’une des rencontres qui m’ont le plus apporté dans ma vie. On essaie de faire encore la soirée des étoiles au moins une fois par année.» La soirée des étoiles? Kenny explique: «On passe du temps ensemble en regardant les étoiles. On se filme pour regarder la vidéo l’année suivante, en se donnant des conseils ou des perspectives d’avenir qu’on aurait pour notre «nous» de l’année prochaine.» Justement, en termes de perspectives futures pour son ami, il l’imagine «viser encore plus haut». «Avec sa détermination et tout le travail qu’il fournit, je pense qu’il peut aller loin. Pourquoi pas des collaborations dans le monde entier!» 

Par Sandrine Spycher publié le 29 février 2024 - 06:24