Les parents, Ruth et Bernard, vont prendre leur retraite après trente-trois ans à Vufflens-le-Château et vingt-deux ans à Echallens. Leurs enfants, Guy et Nathalie, eux, partent pour de nouvelles aventures. Et moi, qui ai eu le loisir de m’attabler plusieurs fois dans ces deux adresses, j’en suis ému. Car chez les Ravet, j’ai fait bien plus que de bons repas. Il y en a au moins trois que je n’oublierai jamais.
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Cadeau de mariage. Le premier, c’était «il y a des siècles», à Echallens, bien avant GaultMillau et ma vie de critique culinaire. En fait, des amis nous avaient offert un repas chez les Ravet comme cadeau de mariage. En 1989, donc… voilà qui ne me rajeunit pas! Ce fut l’un de nos premiers pas dans le monde de la grande gastronomie helvétique alors en plein épanouissement. Car Bernard Ravet fait partie de ces grands chefs de la première heure qui, à la suite de Frédy Girardet, ont fait fleurir une gastronomie nouvelle, créative, personnelle, qui continue aujourd’hui à faire des émules.
Le royaume des canards. Le deuxième est associé à un anniversaire: nous avions offert un cours de cuisine à mon beau-frère et à ma belle-sœur. Et, évidemment, nous les avions accompagnés aux fourneaux à l’Ermitage. Fonds maison, légumes détaillés en julienne, cuissons millimétrées… les apprêts furent intenses, puis le repas fut somptueux. Pas grâce à nos talents, précisons-le, mais bien grâce à la patience et à la minutie de l’ensemble de la famille Ravet, qui nous avait guidés avec cette douceur et cette patience qui la caractérisent. Nous avions notamment préparé des huîtres gratinées d’une merveilleuse délicatesse. Puis nous les avions mangées dans l’un des gracieux salons de la maison de maître où les canards de collection agrémentent les vitrines, les tables et le jardin magique.
Micheline Calmy-Rey et Juan Carlos. C’est justement dans ce dernier que j’ai vécu les prémices du troisième repas que j’aimerais évoquer aujourd’hui. Un repas très particulier. Le 13 mai 2011, Micheline Calmy-Rey recevait le roi Juan Carlos et la reine Sofia d’Espagne à l’Ermitage. On peut penser ce qu’on veut de cette royauté à multiples facettes pas toujours reluisantes, mais être convié par la famille Ravet à couvrir en coulisses ce repas-événement pour L’Hebdo m’a valu des moments inoubliables.
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Un roi et 40 agents camouflés! Imaginez: la route était jalonnée de policiers depuis Lausanne, les hélicoptères de l’armée sillonnaient le ciel et une quarantaine d’agents avaient investi le jardin: tireurs d’élite embusqués, patrouilles et chiens… tous s’étaient rendus totalement invisibles pour ne pas déranger la sérénité de la visite officielle. Quand je vous dis que ce jardin est magique, ce n’est donc pas usurpé.
Portrait de famille. Puis j’ai vu les étudiants de l’Ecole hôtelière de Lausanne briefés par Isabelle pour que le service soit parfait. Bernard et Guy concentrés aux fourneaux. Ruth en parfaite maîtresse de maison. Et Isabelle, la fille cadette des Ravet, pâtissière, dresser avec son neveu Léo des bricelets à croix suisse fabriqués exprès pour l’occasion. Un tableau de famille unique et touchant.
Dernière heure. En partant, le roi avait dit: «Nous reviendrons.» L’a-t-il fait? Je ne connais pas la réponse. En revanche, je devine que tous ceux qui ont, comme lui, apprécié cet Ermitage en trente-trois ans – dont trente-deux à 19/20! – auront envie de revenir une dernière fois avant le 31 juillet. Si vous en êtes, il faut réserver maintenant!
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