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Tout un roman(d)

Loïc Vuillemin dit moine Kosho «J’ai eu des accidents de plongée graves, mais…»

Loïc Vuillemin nous raconte sa première plongée au Mexique en 2014. Le moine zen et apnéiste a par la suite vécu des accidents graves mais cela ne l'a jamais empêché de continuer ce sport qui lui fait vivre des expériences spirituelles fortes.

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Loïc Vuillemin

Loïc Vuillemin a vécu sa première plongée au Mexique en 2014. 

FAKEYEPRODUCTION

«Nous sommes en 2014, j’ai 38 ans, je suis en vacances avec ma femme et ma fille au Mexique. J’avais pris pour la première fois de ma vie un cours de plongée qui devait se conclure par une descente à 20 mètres dans un cénote, ces trous d’eaux confondants de beauté avec de l’eau salée en surface et de l’eau douce au fond, et où la visibilité peut aller jusqu’à 60 mètres. J’amorce la descente, d’abord dans une eau un peu verte de la mangrove salée, puis je traverse une sorte de couche de brouillard sous-marin, on dirait des nuages, puis j’arrive enfin dans l’eau douce. Face à moi, l’horizon, mais surtout l’Inconnu avec un grand I. Une expérience mystique qui m’a bouleversé. J’avais vécu une sorte d’ouverture du cœur au sein de la profondeur. Je suis remonté à la surface avec le sentiment d’avoir vécu quelque chose de révolutionnaire. A cette époque, je vivais encore dans mon temple zen près de Béziers. J’ai dit à mon maître: «Tu n’imagines pas la connaissance qu’ont les plongeurs du souffle, de leurs limites, de leur capacité à aller au-delà de la peur, de l’angoisse, de cette forme d’impuissance qu’on croit tous avoir.» J’ai quitté le temple pour m’installer à Charm el-Cheikh et tenter de vivre cette nouvelle passion en l’enseignant. Et je me suis aussi lancé dans la compétition.

J’ai été champion suisse à de nombreuses reprises dans différentes disciplines, tentant toujours de repousser mes limites; j’ai eu parfois des accidents graves – tympans, sinus, poumon perforés – mais ils ne m’ont jamais arrêté, même si la plongée en apnée n’est pas un sport dont on sort complètement indemne. Et je ne cache pas la difficulté d’en vivre et surtout de trouver des sponsors. Ma femme aurait souvent préféré que je ramène un lave-vaisselle plutôt qu’une nouvelle médaille. Mais plonger dans le lac de Zurich, par exemple, c’est une expérience incroyable: on est dans le noir absolu, comme immergé dans le cosmos, il n’y a que la corde qui luit dans l’obscurité, c’est d’un haut degré spirituel, voire chamanique.

J’aime aussi me fixer des défis, observer, analyser le comportement de mes adversaires. Ces dernières années, j’avais dans la tête de descendre à 100 mètres, la distance mythique. Il faut savoir qu’il y a plus de gens qui sont allés dans l’espace que de personnes qui ont atteint cette distance sous l’eau. Je n’avais pas l’éternité devant moi pour réussir ce truc, je savais que la montre faisait tic-tac. J’ai atteint cette profondeur aux Championnats du monde en 2021 à Charm el-Cheikh: trois minutes et deux secondes pour descendre et remonter. Je tiens toujours à pouvoir sortir de l’eau en pleine forme, capable de sourire en lançant le rituel «I am OK» en exagérant mon accent suisse. Et j’aimerais relever un autre défi: descendre à 140, voire 145 mètres en «no limit», harnaché sur une luge qui descend à tombeau ouvert comme dans le film «Le grand bleu». Rendez-vous en 2023!».

 


Son actu

Moine Kosho organise régulièrement des conférences et des retraites méditatives en Suisse. Loïc a aussi ouvert des cours en ligne, notamment de technique de compensation en apnée, qui connaissent un joli succès. www.deepzen.net

Par Patrick Baumann publié le 18 décembre 2022 - 11:19