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Patriotisme

Tour du monde du 1er août dans la «cinquième Suisse»

Synonyme de brunchs gargantuesques, de feux de joie et d’exaltation patriotique, la Fête nationale suisse ne s’arrête pas aux frontières: la frénésie et la symbolique de cette journée s’avèrent parfois plus importantes pour les Suisses de l’étranger.

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1er août

Le 1er août, jour de la Fête nationale, sera célébré en Suisse et également par les citoyens helvétiques résidant dans d'autres contrées. «L'illustré» est allé à la rencontre de certains d'entre eux pour savoir comment ils vivront ce jour de fête. 

Fahny_Baudin

Jour de commémoration nationale, le 1er Août représente pour certains l’occasion de faire la fête et de se retrouver en famille tout en perpétuant les traditions. Entre l’ambiance fêtarde et le calme ambiant caractéristique des jours fériés, tous les Suisses y trouvent leur compte, que ce soit dans les villes ou dans les villages. Et à l’étranger? Selon Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, l’agence de la Confédération chargée de promouvoir la Suisse à l’international, «le 1er Août est un moment très symbolique pour les Suisses éloignés de leur patrie. La Fête nationale permet de se rapprocher de ses origines.»

>> Lire aussi notre éditorial:  1er Août: tout ce qui nous rapproche

1er août

Claude Verly, Singapour. Attaché à ses racines, il regarde le journal télévisé de la RTS tous les matins pour prendre des nouvelles du pays.

DR

Malheureusement, la crise sanitaire coupe cet élan patriotique, y compris pour les expatriés. Alexandra de Mello, déléguée des Suisses de Singapour, avance que, paradoxalement, «le fait d’avoir été si loin de notre pays durant une période si douloureuse nous a sans doute encore davantage motivés pour se réunir, pleurer et rire ensemble». C’est en pleine première vague du coronavirus que Nicolas Bideau et l’équipe de Présence Suisse mettent sur pied le site missione1agosto.org afin de proposer une alternative aux festivités normalement organisées par les ambassades. Rafraîchi cette année, ce projet propose notamment de prendre part à diverses activités typiquement suisses afin de participer à un concours. Silvia Fachini, directrice de l’association Valais-Argentine, raconte: «On fait de la tresse, de la salade de cervelas ou encore des coiffures typiquement de chez nous et, ensuite, on les partage sur les réseaux sociaux pour peut-être gagner un repas avec notre ambassadeur!»

La Confédération s’engage alors elle-même auprès des représentants de la «cinquième Suisse». La plupart des ambassades font de leur côté également preuve d’engagement envers leurs concitoyens. Celle d’Afrique du Sud a par exemple posté des messages de l’ambassadeur adressés aux citoyens sur les différents réseaux sociaux. L’ambassadrice du Liban a, quant à elle, adressé un message d’espoir et de prévention aux Helvètes à travers une vidéo postée en ligne.

1er août

Séverine Wydler, Tangalle, Sri Lanka. Après avoir vécu à Pully (VD) durant vingt-neuf ans, elle est partie rejoindre son mari en Asie.

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En dehors de cette période de pandémie, le sentiment qu’incarne la Fête nationale n’est pas partagé par tous les expatriés. Valentine Zenker et Philippe Giroud, en voyage depuis mars avec leur van (surnommé Louise), n’accordent pas de symbolique particulière à cette fête: «On mangera probablement la fondue qu’on a au frigo pour marquer le coup mais sans avoir de sentiments particulièrement patriotiques… Ce sera sympa, on sera sans doute au milieu des montagnes turques!»

Pour d’autres, les festivités représentent un sentiment symbolique fort. Séverine Wydler, au Sri Lanka depuis une quinzaine d'années, associe à cette journée une palette d’émotions qui lui permettent de se rapprocher un peu de sa famille en Suisse, «en pensant qu’ils fêtent également le 1er Août en même temps, à quelques heures de décalage». Cette Suissesse, qui en temps normal participe généralement aux festivités organisées par l’ambassade, essaie de revisiter les traditions à sa manière, en s’adaptant en fonction des possibilités. Il lui est alors arrivé de manger une fondue sur la plage!

1er août

Phillipe Giroud et Valentine Zenker, actuellement en Turquie. Le couple a tout plaqué il y a quelques mois, pour voyager sans contraintes.

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Damien Dellea, directeur des opérations du campus de Singapour de l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), associe le 1er Août à un phénomène plus profond et ancré: «C’est une occasion particulière de se remémorer les valeurs helvétiques et d’affirmer notre identité. Comme nous sommes une petite minorité, cela nous fait du bien d’avoir une occasion d’affirmer nos singularités et nos origines.» De l’autre côté du globe, en Amérique du Sud, Sylvia Fachini, qui n’a jamais vécu en Suisse mais qui se sent profondément liée au pays par ses origines, voit cette journée comme un moyen de renforcer son sentiment national en le célébrant avec d’autres Valaisans.

Que le patriotisme ressenti soit fort ou léger, une majorité d’expatriés s’accordent sur le fait que le 1er Août permet de transmettre une image positive de notre patrie. «Si on invite des amis qui ne sont pas Suisses, cela nous permet de parler de chez nous, de discuter de nos traditions et de faire découvrir nos spécificités. Cela nous permet de renforcer notre sentiment d’appartenance!» affirme, avec un brin de fierté, Damien Dellea.

1er août

Damien Dellea, Singapour. Originaire de Berne et du Tessin, il a grandi à Neuchâtel et étudié à Genève.

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C’est également dans cette optique que Présence Suisse a mis sur pied les différentes activités via le site missione1agosto.org. En effet, Nicolas Bideau a notamment pour mission de promouvoir une image positive du pays. Selon lui, «les Suisses de l’étranger sont d’excellents ambassadeurs: en faisant rayonner avec amour notre culture, ils donnent une image chaleureuse et conviviale de la Suisse dans le monde». Malgré le peu de symbolique accordé à la Fête nationale, Valentine et Philippe racontent, excités, qu’ils seraient tout de même ravis de partager leur fondue avec des locaux: «Si l’occasion se présente, on va sûrement passer ce moment avec des Turcs et pourquoi pas leur présenter certaines facettes de notre pays!»

La Fête nationale représente également l’occasion de transmettre la culture ainsi que les valeurs suisses aux enfants. Séverine Wydler tente ainsi de transmettre une part de ce patrimoine culturel à sa progéniture, «même si c’est encore flou pour eux, ils sont un peu jeunes». Il en va de même pour Claude Verly, établi depuis maintenant vingt-cinq ans à Singapour: «J’ai toujours éprouvé du plaisir à célébrer le 1er Août avec mes enfants (de nationalité singapourienne, ndlr). Cela nous permettait de passer un agréable moment en famille.»

Espérons pour nos compatriotes expatriés que les circonstances sanitaires seront plus clémentes pour une célébration en bonne et due forme dès l’année prochaine!

Par Erica Berazategui publié le 30 juillet 2021 - 15:31