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Le portrait

Brad Pitt, enfin en paix avec lui-même

Depuis quelques mois, le comédien et producteur passe du temps avec la trentenaire Ines de Ramon. Elle a grandi et a étudié à Genève. A l’aube de ses 60 ans, il connaît une période d’accalmie. Après son divorce houleux avec Angelina Jolie, il a décidé de ne plus boire d’alcool, ni de fumer de joints. Désormais plus serein, il souhaite se rapprocher de l’Europe. Portrait d’un homme multiple.

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Brad Pitt à la première anglaise de "Once Upon a Time... in Hollywood" à Londres en 2019.

Brad Pitt ne s’est jamais considéré comme une star. «Je me vois comme le gars du Missouri. Mon ami Clooney est une star. Mon ami Cruise est une star. Moi, j’essaie juste de tracer ma route», disait-il récemment à nos confrères du mensuel «Première» à l’occasion de son dernier film, «Babylon».

Samir Hussein/WireImage

Brad Pitt a eu 59 ans le 18 décembre dernier. Il ose les costumes roses. Ou vert pomme. Avec lui, le lin et les matières fluides redeviennent tendance. On l’a même vu en jupe, à Berlin, pour la promo de «Bullet Train» (2022). Souple mais charpenté, il virevolte sur les tapis rouges du haut de son mètre 80. Il répond sans filtre, à la volée, avec une petite moue sexy. Dans la vie de tous les jours, il est capable de porter des galurins qu’il semble avoir chipé à l’ours Paddington.

Les hommes et les femmes le trouvent irrésistible. «Qu’est-ce que les gens ont avec moi?» demandait-il à 28 ans, cheveux aux reflets d’or, au cinéaste français Jean-Jacques Annaud sur le tournage de «Sept ans au Tibet» (1997). Et le réalisateur de lui confier, comme s’il lui révélait un secret: «Mais, Brad, tu es une star!» Au premier rendez-vous, il fut surpris par l’honnêteté du jeune Américain. Dans son livre de souvenirs, paru en 2018, Annaud rapportait qu’en le regardant droit dans les yeux, Brad lui dit: «Je suis ici pour me vendre. Je ne suis pas un très bon acteur, mais j’ai l’intention de me donner beaucoup de mal.» Il le trouva à la fois émouvant et inquiet, étonné par sa gloire soudaine, irrité par son image de sex-symbol qu’il souhaitait casser.

Brad Pitt

Brad a osé des couleurs pop pour la promo de «Bullet Train» en 2022. Ici, en lin vert à Los Angeles.

Getty Images
Brad Pitt

Brad a testé la jupe «gender fluid» à Berlin pour la promo de «Bullet Train».

Getty Images

Une brune trentenaire qui a grandi à Genève


A travers l’objectif de sa caméra, il mesura le pouvoir d’attraction qu’exerçait cet oiseau rare. Hors plateau, il fit l’expérience de la «Bradmania» et de la puissance de son sex-appeal. Ils vécurent des scènes d’hystérie pendant le tournage en Argentine. Brad Pitt, devenu un phénomène planétaire, provoquait des cris stridents chez les jeunes filles qui se ruaient par grappes à sa rencontre. Plus de mille l’attendaient à l’aéroport. L’avion dut atterrir ailleurs. Un soir, Gwyneth Paltrow, sa fiancée d’alors, dut se réfugier dans la salle de bains de leur chambre d’hôtel. Une fan avait investi les lieux, attendant le retour de l’éphèbe comme Pénélope son Ulysse. Après de patients pourparlers, elle fut délogée manu militari.

William Bradley Pitt, élevé à la dure dans une famille croyante d’obédience baptiste, est un beau phénomène dont le physique n’a jamais limité la carrière. A travers ses failles, il laisse entrevoir les éclats de ses braises intérieures. Il est habité et ça le rend désirable. Il n’est pas seulement attirant, il est convaincant. Capable de changer de registre au fil des ans et des rôles, là où Tom Cruise fonctionne de façon monolithique et où DiCaprio, pour gommer sa juvénilité, force un peu trop sur la grimace. Brad, plus en nuances, évolue comme un grand cru, gagne en épaisseur et en valeur. Pour Cate Blanchett, qui partagea avec lui l’affiche de «L’étrange histoire de Benjamin Button» (2008) après «Babel» (2006), «il est comme le chocolat. Il a une personnalité artistique intense.» En trente-six ans de carrière, 90 films et quelques séries, ses cachets sont passés de 38 dollars à 30 millions. Il est devenu producteur, cofondateur et président de la société Plan B Entertainment, fraîchement associée au groupe français Mediawan (la série «Dix pour cent», le film «BAC Nord», l’émission «C à vous»).

Brad se rapproche du Vieux Continent côté business. Et côté cœur? Il s’est laissé surprendre en compagnie d’Ines de Ramon, une trentenaire ayant grandi à Genève. Ils se sont connus par l’entremise d’une amie commune. On les a découverts à l’Orpheum Theatre de Los Angeles, après un concert de Bono, le 13 novembre dernier. Si l’on en croit une source du très fiable magazine américain «People», «Brad l’aime vraiment». Mais à ce stade, paraît-il, leur relation ne serait pas exclusive. La jeune femme est originaire du New Jersey. Dans la ville du bout du lac, elle a fréquenté le Collège Calvin, puis l’université en 2013. Elle a décroché un bachelor en administration des affaires. Brune, fine, intelligente, elle mesure 1m65. Elle a travaillé pour Christie’s et le joaillier genevois De Grisogono, vit désormais à Los Angeles, où elle fait carrière dans l’univers du luxe, à la tête de la vente en gros pour Anita KO Jewelry. Entre 2019 et 2022, elle a été mariée à l’acteur américain d’origine polonaise Paul Wesley, figure de la série télé «Vampire Diaries».

Brad, lui, a convolé deux fois. Il a quitté Jennifer Aniston pour bâtir une famille arc-en-ciel avec Angelina Jolie. Ils ont eu trois enfants biologiques et en ont adopté trois. L’union de ces deux âmes farouchement libres a donné un «power couple». L’addition de deux talents, de deux carrières et de nombreux idéaux. Elle a été émissaire du HCR pour les réfugiés au Pakistan, au Soudan ou en Ethiopie, ils ont créé une fondation. Ces qualités les ont portés au pinacle. On les a surnommés les Brangelina. Mais il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. Un jour, en plein ciel, la belle image a volé en éclats.

Les Brangelina, couple exemplaire à Davos en 2006


En septembre 2016, Angelina a demandé le divorce après une sérieuse altercation avec son mari dans le jet privé qui les emmenait, avec leurs six enfants, de France en Californie. L’épisode en altitude allait brusquement ramener sur terre la paire de demi-dieux. Ils allaient rejouer «Mr. & Mrs. Smith» (2005), cette comédie d’action, lit de leur coup de foudre, dans laquelle mari et femme, déjouant les apparences, sont deux tueurs à gages qui cherchent à se détruire.

On les avait croisés au forum alternatif de Davos en 2006 sous de meilleurs auspices. Lui, le cheveu teint en noir, était prêt à incarner Jesse James. L’air sage, parfaite anti-star, un cahier à spirale sur les genoux, il prenait des notes en écoutant Angie. Elle, yeux de biche, bouche comme deux pétales de rose froissés, la main sur un ventre annonciateur d’une future naissance, défendait sans langue de bois les droits humains.

Brad Pitt et Angelina Jolie

Le 8 novembre 2011, Brad, Angelina et leurs six enfants débarquent d’un jet privé, à Haneda, l’aéroport international de Tokyo. Dans l’ordre (de g. à dr.): Zahara, Knox, Maddox, Shiloh, Pax et Vivienne.

WireImage/Getty Images

Las. Leur couple s’est brisé net après l’accès de colère de Monsieur. Brad Pitt aurait bousculé sa femme et deux de ses enfants. Le FBI a mené l’enquête sans toutefois déposer d’accusation. L’acteur a choisi de disparaître six mois, pour mieux renaître dans les pages du magazine «GQ Style». Gosier sec, cheveux taillés, il battait sa coulpe sur papier glacé dans les décors désertiques sublimes de parcs nationaux américains. Amaigri, il allait passer une année au sein des Alcooliques anonymes et entamer une thérapie. Il s’avouait fatigué de lui-même. «J’ai tout arrêté, sauf l’alcool, quand j’ai fondé ma famille. […] Je buvais trop. C’est vraiment devenu un problème.» Il avait commencé à la sortie de l’Université du Missouri où, étudiant en design et journalisme, il se destinait à devenir directeur artistique. «Pas un jour, depuis, sans un joint ou une bière», disait-il, se décrivant en consommateur de compétition.

A la façon de Boris Vian, il aurait pu chanter: «Je bois sans y prendre plaisir, pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule.» Passer sa vie à porter des masques, pour les besoins d’un film ou pour fuir le fardeau de la gloire, l’avait mené dans l’impasse. «Eviter la douleur est une vraie erreur», avouait-il. Renouant avec ses émotions, il allait accomplir sa mue et s’assagir. Plus une goutte d’alcool, plus de tabac. En guise de cigarettes, il mâchonnait des Nicorette. Les idées rincées à l’eau claire, le papa repenti allait obtenir, en mai 2021, la garde alternée de ses enfants. Mais en juillet, à la demande des avocats d’Angelina Jolie, le juge fut révoqué.

Par la suite, Brad découvrit que Madame avait cédé, sans son consentement, ses parts du domaine viticole Château Miraval à Tenute del Mondo, la division viticole du groupe Stoli, propriété du russe Yuri Shefler. Surnommé «le tsar de la vodka», il possède notamment la célèbre marque Stolichnaya et vit à Genève avec femme et enfants.

domaine de Miraval, propriété de Brad Pitt et Angelina Jolie

Le domaine de Miraval, où est produit le rosé Pitt-Jolie. En 2021, Angelina a vendu ses parts sans en avertir son ex-mari.

Bestimage/Dukas

Attaché à ses vignes, Brad n’a pas goûté la manœuvre et a contre-attaqué par voie judiciaire. C’est dans ce vaste domaine du sud-est de la France, 500 hectares dont 50 de vignes en terrasses, acquis en 2008, qu’Angelina Jolie et lui s’étaient unis en 2014. C’est là qu’ils ont produit le Miraval Côtes de Provence, un rosé estampillé Jolie-Pitt & Perrin, du nom des exploitants. Depuis septembre 2022, sous sa marque Le Domaine, le quasi-sexagénaire fait l’éloge d’une gamme de produits véganes anti-âge extraits de la vigne. Du haut de gamme. Dans une vidéo, il confie utiliser The Cream au quotidien. A en croire son speech d’acteur bonimenteur, l’onguent marche. Mais la peau hydratée et tendue ne le met pas pour autant à l’abri des cocards façon «Fight Club» (1999).

Une sale dispute en plein ciel

Dans leur acte de séparation, un accord stipulait qu’ils ne se dénigreraient pas en public. Vaines promesses. En octobre dernier, des détails sur la dispute d’altitude ont fuité dans les colonnes du «New York Times». Madame a été secouée par la tête. Elle parle de comportement abusif. Elle aurait subi des agressions verbales et physiques, tout comme deux de ses enfants; on parle d’étranglement pour l’un, de coup au visage pour l’autre.

Pour compléter le funeste tableau, Brad aurait versé de la bière sur son ex-épouse, et de la bière et du vin sur ses rejetons. Depuis, il a fait savoir par l’entremise de son avocate qu’il avait accepté la responsabilité de certaines choses dans son passé, mais qu’il n’accepterait pas la responsabilité de choses qu’il n’avait pas faites, lit-on dans le quotidien américain. Le feuilleton Pitt-Jolie devenait vraiment moche.

A ce jeu des révélations, d’autres ont cramé leur réputation. Mais Brad Pitt n’est pas qu’une émanation du star-system dont la vie est jetée en pâture au gré des vents, favorables ou mauvais. «La célébrité est une salope», a-t-il dit un jour. Et le métier d’acteur une vitrine. Un jeu d’adulte maquillé. Désormais apaisé, il aspire à plus de sérénité. Il est multiple, passionné de sculpture, de design, d’architecture et de céramique; il s’y est mis pendant le confinement. Il est aussi musicien, joue de la guitare et avoue ne pas pouvoir s’arrêter de créer, sans quoi il meurt. En pleine promo pour «Babylon», le film de Damien Chazelle actuellement à l’affiche, il songe à passer plus de temps en Europe. Pourquoi pas en Suisse romande, comme l’ont fait David Bowie, Freddie Mercury ou Robbie Williams. D’autant plus que Shania Twain, qui cite le nom de Brad Pitt dans la chanson «That Don’t Impress Me Much», habite la Tour-de-Peilz (VD).

publié le 11 février 2023 - 08:35