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Catholicisme et protestantisme: 10 questions et réponses pour les distinguer

Où en est-on côté confessions et religions? Qu’est-ce qui est catholique, qu’est-ce qui est réformé? Tout est-il devenu œcuménique? Dans le fouillis des vérités – et demi-vérités – religieuses, la théologienne protestante Bettina Beer et le théologien catholique Simon Spengler répondent ensemble à des questions difficiles.

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Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver entre ce qui est catholique et ce qui est réformé, c'est pourquoi la théologienne protestante Bettina Beer et le théologien catholique Simon Spengler répondent aux questions les plus courantes. 

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Bettina Beer

1. Catholiques et protestants prient-ils différemment? 
Les chrétiens prient Jésus-Christ et l’Esprit saint. Le «Notre Père», les psaumes, les prières à formulation personnelle et les cantiques sous forme de prière sont communs aux uns et aux autres. Les catholiques prient aussi Marie et les saints et demandent leur intercession auprès de Dieu. Les chrétiens catholiques commencent et terminent leurs prières par un signe de croix, ce qui n’est pas d’usage chez les protestants.

2. Que sont les chrétiens orthodoxes? Quelle différence y a-t-il entre catholiques et réformés? 
En 1054, il y a eu le schisme entre l’Eglise d’Orient du patriarche de Constantinople (aujourd’hui Istanbul) et l’Eglise d’Occident du pape de Rome. Pour l’Eglise romaine d’Occident, le pape est supérieur à tous les patriarches de l’Eglise d’Orient, alors que pour l’Eglise byzantine d’Orient il n’est qu’un patriarche comme les autres. Cette scission subsiste toujours. L’effondrement moral de la papauté au XVIe siècle a entraîné un mouvement de réforme au sein de l’Eglise romaine d’Occident. En Allemagne, Martin Luther fut la figure de proue des réformes, en Suisse ce furent Calvin et Zwingli. Diverses Eglises protestantes sont issues de la Réforme, dont les réformées qui ont entièrement rompu avec le pape.

3. Pourquoi baptise-t-on les enfants encore tout petits dans les deux Eglises nationales? 
Le baptême est le signe apparent que Dieu dit oui à un être humain avant même que ce dernier puisse dire qu’il croit en Dieu. Dieu est là pour ces êtres dès le début. En baptisant leur petit enfant, les parents montrent qu’ils souhaitent transmettre leur foi pour le chemin de vie de l’enfant. Lors de la confirmation (protestante et catholique), les jeunes gens émancipés décident librement s’ils entendent poursuivre ce chemin de foi ou non.

4. Pourquoi les réformés n’ont-ils pas de pape? 
Dès le XVIe siècle, lorsque la bourgeoisie entreprit de s’émanciper du clergé et de la noblesse, les réformateurs insistèrent sur la liberté de conscience de tout croyant. Dieu accorde sa grâce à tous les humains, il n’a pas besoin de prêtres, d’évêques et de pape pour transmettre sa grâce aux humains. Les Eglises luthériennes en Allemagne et en Scandinavie ont à vrai dire gardé des évêques, hommes et femmes. Mais l’évêché y a un autre rôle, il est intégré aux structures démocratiques.

5. Qu’est-ce que la communion, la Sainte-Cène? Est-ce la même chose? 
Avant sa mort, Jésus célébra avec ses disciples une «dernière Cène». Ils burent ensemble le vin et partagèrent le pain. «Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Faites-le en souvenir de moi», leur demanda Jésus. Lors de la cène ou de l’eucharistie, les chrétiens se rappellent que Jésus a donné sa vie sur la croix pour le salut de tous les humains. Les théologiens se sont disputés pendant des siècles pour savoir si le geste était symbolique ou si le pain et le vin étaient bel et bien transformés par le prêtre en corps et en sang. De nos jours, on voit souvent des réformés prendre part à la communion catholique et des catholiques à la Sainte-Cène réformée.

6. Comment distingue-t-on une église catholique d’une église réformée? 
La plus grande différence entre églises catholique et protestante réside dans l’aménagement intérieur. Alors que les églises réformées sont décorées très sobrement, l’aménagement et l’iconographie sont très riches dans une église catholique. Au sommet du clocher des églises réformées de Suisse se trouve un coq, sur celui des églises catholiques une croix. En Allemagne, c’est exactement le contraire.

>> Découvrez notre podcast: Confessions d’un jeune chanoine

7. Tous les humains vont-ils au paradis ou existe-t-il toujours un enfer pour les meurtriers et autres hors-la-loi? 
L’enfer n’est pas un lieu mais le moment où tout humain est confronté à sa vie devant Dieu lors du Jugement dernier, ce qui peut constituer une douleur infernale. Quiconque affronte cette douleur et reconnaît honnêtement ce qui a bien ou mal marché durant son existence vivra dans la proximité céleste et éternelle de Dieu. Nous ne savons cependant pas exactement par quoi cela se traduit.

8. Marie est-elle protestante ou catholique? 
Marie n’est ni l’un ni l’autre, elle est biblique. Comme l’ange Gabriel le lui a prédit, elle met au monde un fils qu’elle prénomme Jésus. Comme d’autres, elle suit Jésus en Galilée et jusqu’à Jérusalem, où il meurt. Dans l’Eglise catholique, Marie est révérée comme la mère de Dieu et l’on prie pour son intercession auprès de Dieu. Pour les réformés, Marie est un personnage historique doté d’un rôle particulier en tant que mère de Jésus. C’est surtout pendant le temps de l’avent que les prêches et sermons l’évoquent. A noter que les musulmans vénèrent aussi Marie (et Jésus).

9. Qu’est-ce qu’un mariage à l’église a de particulier? 
Dans la tradition réformée, le mariage est un contrat civil qu’un couple conclut. Dans le mariage religieux, le couple se voit promettre la bénédiction divine. Cela se passe différemment dans l’Eglise catholique: le mariage y est un sacrement divin réservé à un homme et à une femme et qui inclut la descendance. C’est pourquoi les couples homosexuels peuvent se marier dans l’Eglise réformée (et catholique-chrétienne), alors que cela reste impossible dans l’Eglise catholique. Mais beaucoup de directeurs de conscience catholiques proposent aujourd’hui des cérémonies de bénédiction aux couples du même sexe.

10. Pourquoi les Eglises prélèvent-elles un impôt dans la plupart des cantons? 
Les pasteurs et les sacristains ne vivent pas que d’amour et d’eau fraîche. Les Eglises paient des salaires et doivent entretenir des immeubles souvent chargés d’histoire. Pour pouvoir financer tout cela, dans la plupart des cantons, les membres des Eglises paient un impôt ecclésiastique redistribué aux cures et aux paroisses. Dans plusieurs cantons, même les personnes morales paient l’impôt ecclésiastique afin de partager avec toute la société les prestations des Eglises. Dans d’autres cantons, l’Etat soutient directement l’ensemble des prestations sociétales des Eglises. On parle notamment de services de consultation ouverts à tout le monde, de dispositifs sociaux et caritatifs, de prise en charge des réfugiés, d’accueil des jeunes, d’offres de dialogue dans les hôpitaux et les EMS...

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Par Bettina Beer et Simon Spengler publié le 15 septembre 2022 - 09:03