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Coûts de la santé

Surmédicalisation: «J’ai failli mourir»

L’hôpital estimait qu’il fallait laisser faire la nature. Danièle Dessauges s’est rendue sans rendez-vous chez un spécialiste qui lui a sauvé la vie.

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«Quand on a passé à deux doigts de la mort, on profite de chaque instant», sourit Danièle Dessauges. Blaise Kormann

Son dossier médical est tellement fourni qu’on pourrait en faire un livre. Vingt-deux opérations. C’est ce que Danièle Dessauges a subi au cours de sa vie. Autant d’épreuves qui n’ont en rien altéré le sourire de cette octogénaire de Delley-Portalban. «Quand on a passé à deux doigts de la mort, on profite de chaque instant», confie la Fribourgeoise, qui vit depuis trente ans avec une valve aortique mécanique et depuis quarante ans sous anticoagulant. Une situation qui rend particulièrement délicate une intervention chirurgicale. En 2015, Danièle doit donc arrêter de prendre l’anticoagulant par voie orale pour se faire opérer d’une hanche.

L’opération en elle-même se passe bien mais, quarante-huit heures après, la Broyarde fait un petit AVC. «Comme j’étais à l’hôpital, j’ai été traitée sans attendre par de l’aspirine et un fluidifiant du sang.» Elle reprend son traitement anticoagulant. «Cela faisait donc trois médicaments différents qui augmentaient le risque de saigner.»

L’enfer à cause des médicaments

Le lendemain, elle se plaint de maux d’estomac. Au fur et à mesure que les heures passent, c’est toute la région du ventre qui devient douloureuse et gonfle. On lui dit que c’est normal après une opération, qu’il faut laisser faire la nature. «Une image m’a alors traversé l’esprit. Je me voyais dans le coma et, face à moi, ma famille contrainte de prendre la décision de me débrancher. Du coup, j’ai dit que cela allait beaucoup mieux et j’ai demandé à rentrer à la maison. J’ai signé une décharge et je suis partie. Le lendemain, je suis allée frapper à la porte d’un médecin. Sans rendez-vous. Il m’a prise tout de suite et le scanner a montré que je faisais une grosse hémorragie dans le ventre. Il m’a envoyée faire une intervention en urgence. Il m’a sauvé la vie. A quelques heures près, j’étais morte.» Ce jour-là, Danièle a aussi dit stop à la surmédication. «Avant l’opération de la hanche, j’ai passé dix ans à me traîner à cause des médicaments. J’en prenais douze différents par jour. Comme je faisais régulièrement des malaises, je n’osais plus sortir.» Aujourd’hui, Danièle n’en prend plus que quatre. Et tout va beaucoup mieux. «Je me balade un peu, je jardine de temps en temps, je tricote et, avec mon mari, nous pouvons enfin sortir!»

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Par Rappaz Christian publié le 15 septembre 2019 - 13:49, modifié 18 janvier 2021 - 21:05