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Surmédicalisation: «On a bousillé mon corps»

A 36 ans, Yasmina de Pinho se bat quotidiennement depuis quinze ans contre les ravages de la surmédicalisation qu’elle a subie. Un calvaire.

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Yasmina a subi dix opérations en six ans. Et elle n’aura jamais d’enfants. Blaise Kormann

Tout a commencé par une douleur au bas-ventre. Après investigations, la Faculté diagnostique une inflammation. Un peu de cortisone et le problème sera réglé, dit-on à Yasmina, alors âgée de 21 ans. Mais la douleur ne faiblit pas. «Au contraire, j’avais de plus en plus mal. Une horreur», se souvient la Vaudoise établie à Saint-Sulpice. Malgré ce constat d’échec, le traitement à la cortisone sera poursuivi pendant… trois ans! Trente-six mois durant lesquels Yasmina souffre le martyre et prend 40 kilos. «Je suis passée de 45 à 85 kilos.»

Opérée d’urgence en 2009, on lui diagnostique finalement une endométriose, soit la présence de tissus qui tapissent normalement l’utérus en dehors de ce dernier. Une deuxième puis une troisième intervention n’apportent guère de bénéfices. Pire, après des traitements aux hormones et des tentatives désastreuses de fécondation in vitro, le verdict tant redouté tombe: il faut tout enlever. Ovaires et utérus. Une grave erreur, selon le gynécologue qui l’examinera un an plus tard, lequel constate que tous les tissus ovariens n’ont pas été retirés. Trop tard. Yasmina n’aura jamais d’enfants.

Onze médicaments par jour, dix opérations

«On a bousillé mon corps. Un carnage, dit-elle d’une voix qu’un moral à toute épreuve a gardée douce. Pendant cette période, je prenais onze médicaments par jour. Et j’ai subi dix opérations en six ans.» La dernière en 2015, pour un problème lombaire. «La cortisone a amoindri mon capital osseux. Tous les mouvements que je fais sont douloureux. Mon système digestif a également été fragilisé et je suis obèse alors que je mange bio et comme un oiseau.»

Comme si cela ne suffisait pas, une vilaine fracture à une cheville la condamne actuellement au fauteuil roulant. Aujourd’hui, à 36 ans, Yasmina en veut plus au système qu’à ceux qui le servent. «On a été éduqué avec cette idée que le médecin était infaillible et tout-puissant. J’ai compris malheureusement trop tard que ce n’était pas le cas. Désormais, je ne prends plus un seul médicament et je n’accepte plus une chirurgie ou un soin avant qu’on me convainque de leurs bénéfices et, surtout, avant de connaître avec précision leurs effets secondaires.»

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Par Rappaz Christian publié le 13 septembre 2019 - 08:54, modifié 16 novembre 2022 - 08:40