1. Home
  2. Actu
  3. 100 millions de bâillements pour Harry et Meghan sur Netflix

Critique

Harry et Meghan: une série à millions… de bâillements!

En vendant à Netflix leur histoire pour 100 millions de dollars, le prince Harry et la comédienne Meghan Markle usent les nerfs de la famille royale qui sort de sa réserve, sans en avoir l’air. C’est très bien fait, mais ça peine à démarrer. La plateforme s’attend à une audience record. On a regardé pour vous.

Partager

Conserver

Partager cet article

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Dukas
Didier Dana

La bande-annonce, digne d’une série télé, est du meilleur tonneau. Elle fait monter la température comme une cocotte minute prête à exploser. Harry & Meghan sur Netflix, c’est prometteur, angoissant et irrésistible. D’un côté, il y a les gentils – eux – couple amoureux et irréprochable, de l’autre, tous les méchants: la famille royale in corpore, ses calculs et ses trahisons et la méchante presse tabloïd qui fait de l’argent sans scrupules sur leur vie privée. Ça a la couleur, le goût et l’aspect d’une série TV, mais c’est un doc. Un vrai. «La famille royale s’est refusée à tout commentaire», lit-on dès les premières secondes des trois premiers épisodes, diffusés ce matin dès 9h.
Les confidences du couple ont été recueillies avant le mois d’août dernier. Alors quoi? Que disent-ils, qui accusent-ils et qui est coupable de quoi? Minute.

>> Lire aussi: Prince Harry, la vengeance d’un enfant meurtri

Harry et Meghan racontent leur exil pour échapper à «l’autodestruction». Devant leur écran de téléphone, la mine défaite, ils jouent à ne pas jouer. Harry déplore la haine qui s’est déchaînée contre son épouse ces trois dernières années. «La sécurité de ma famille m’est primordiale», déplore-t-il, comme si Buckingham avait mis des tueurs à gages à leurs trousses.
Meghan, une serviette sur ses cheveux mouillés, dans sa salle de bains – alors qu’à l’extérieur deux paparazzis passent sur une barque – soupire, au bord des larmes: «Je veux passer de l’autre côté de tout ça… Je ne sais plus quoi dire». Son visage se plisse. Elle pleure. Nous voilà otages des deux tourtereaux persécutés.

Harry et Meghan sur Netflix

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Dukas

Piégés comme ils l’ont été parmi les Royals et la presse.

Les ficelles sont grosses, le montage habile, mais on ne peut pas s’empêcher de regarder. Primo parce que c’est très bien fait, deuxièmement parce que la planète entière va en parler et que la famille de feue la reine Elisabeth II propose le meilleur feuilleton people depuis des décennies. Alors, si en plus, ils se mettent à déballer...

Très vite, on apprend que les (très) méchants sont les médias qui exploitent la vie privée du couple. «Ils nous détruisent», ajoute Meghan. «Ça n’est pas que notre histoire. Cela a toujours été plus grand que nous… Personne ne connaît toute la vérité, nous connaissons toute la vérité. La monarchie la connaît (…) N’importe qui dans ma situation aurait fait exactement la même chose», ajoute Harry.

Harry et Meghan sur Netflix

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Dukas

Au moment où vous aurez fini les deux premiers bols de pop corn, vous aurez compris que vous n’en êtes qu’au générique dans un défilé d’images clichés portées par des rubans de violons à émouvoir un caillou.

Dès que cela commence vraiment, ça se gâte un peu. Meghan et Harry vivent comme les multimillionnaires qu’ils sont en Californie. Elle nourrit ses poules au grain puis confie dans un salon aux baies vitrées hollywoodiennes pourquoi elle a décidé de faire ce documentaire. «Je voulais que l’on sache qui nous étions». Meghan, comédienne chevronnée, le fait très bien. Il ne manque pas un seul battement de cil à son témoignage. Harry, tête baissée et regard fuyant, en remet une couche. Mais on le sent mal à l’aise.

Harry & Meghan ne serait qu’un journal intime filmé? Une chose est sûre, les images ont été préméditées. Non contents de se plaindre, les Sussex qui veulent protéger leurs enfants les exhibent comme de vulgaires influenceurs et leurs placements de produits. «Je crois que le consentement est la clé de tout ça. Quand on a des enfants, on doit savoir ce que l’on veut partager», avance Harry sans demander à Archie, son aîné, son propre consentement alors qu’il le promène, sous l'œil de la caméra, sur une valise. Meghan, dans le cliché suivant, en noir et blanc, a posé bébé sur son ventre. Selfie! (sans consentement.)

Ces jours, avant même la diffusion, le roi Charles III et Camilla ont fait savoir «qu’ils n’en pouvaient plus». William, lui, pourrait sortir de sa réserve et répliquer. Harry et Meghan ont touché 100 millions pour 6 épisodes. Meghan qui soupire beaucoup peut se couper des roses fraîches dans les hectares vert tendre de son jardin. Plan de coupe.
Après 15 minutes, tout ça n'a pas encore tout à fait vraiment commencé. On baille un peu. Bye, bye? Non. Vous allez bientôt apprendre que leur premier rendez-vous amoureux a été un fiasco: «Harry est arrivé en retard, très en retard», souligne Meghan.

Et au moment de parler de Diana, Harry fend l’armure: il parle de lui, petit garçon en deuil. Les images sont toujours bouleversantes. Le public pleure. Mais, très vite, Nicky, ami d’enfance de Harry au collège d’Eton prend la parole. Et, une fois encore, ça part dans une autre direction.

Vous reprendrez bien un bol de pop corn?

>> Lire aussi: Charles, Diana et Camilla, quand la réalité dépasse la fiction

 

Attention spoilers!

Vous retrouvez ici, dans la chronologie des premiers épisodes, les petites phrases marquantes ou particulières de ce documentaire:

1. Harry: «Ce que rapporte la presse n’est pas faux, mais exagéré dit-il. C’est une chose que j’aie une position dans cette famille et que je sois un sujet d’intérêt. Une autre d’être assailli par les paparazzis et poursuivi sur les routes… A un moment donné c’est devenu trop. J’ai essayé de trouver un équilibre dans ma vie de jeune homme et tenté de gérer l’épreuve de la perte de ma mère sans vraiment de soutien ou de guide… C’était injuste.» Harry va partir pour le Lesotho. On évoque le dévouement de Diana auprès des orphelins dont les parents sont morts du Sida. En 2006, 2008 et 2010, le prince trouve sa raison d’être. «J’avais 18 ans et je prenais la suite de ma mère».

2. Retour en 2016: Meghan nous apprend comment elle a rejoint Harry au Botswana. «Cette femme que je n’avais vu que deux fois acceptait de me rejoindre pour vivre sous une tente pendant 5 jours. Wouah!» En hélicoptère et en avion privé, c’est tentant. Meghan: «Et si on ne s’entend pas. Que fait-on, alors qu’on campe en pleine brousse?»

3. Meghan et Harry au salon. Elle: «C’était bizarre. Est-ce qu’on devait s’embrasser?» Harry: «Nous étions dans la jeep. On s’est pris par la main. Puis on s’est embrassés dans les secousses.» Oui, le couple se bécote en conduisant. La nuit sera merveilleuse. Meghan chuchote comme dans les séries TV. Elle voit passer l’ombre furtive d’un éléphant. Elle: «On ne risque rien?» Lui: «Non. Je te protège.» Lui: «Tu as eu beaucoup de confiance en moi...» L’amour est plus fort que tout.

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Dukas

4. New York 2016: Une amie de Meghan très «upper class» raconte comment elle a été mise dans la confidence. Elles ont même pris une photo de ce moment (sic) lunettes de soleil et bouches grandes ouvertes. C’est là qu’une autre demande à propos de Harry: «Comment voyage-t-il? A-t-il le droit de prendre l’avion?»

Le couple va s’approprier sa liberté. Harry: «On ne pouvait pas passer deux semaines sans se voir (…) Elle pouvait être avec moi, au palais de Kensington, afin que l’on apprenne à se connaître, sans être prise en photo, sans faire la une des journaux.»

5. Pas si simple: «Passer la sécurité du palace était un risque en soi parce que les gens parlent!», assène alors prince Harry. Là, il sous-entend que ce n’est pas à lui d’avoir confiance, mais c’est à eux (sécurité) de savoir à qui ils font confiance (le reste de la famille).

6. Robert Hazel auteur d’un livre sur le rôle de la monarchie prend la parole: «Ils (ndlr la famille royale) vivent dans une prison dorée. Ils manquent de la plupart des libertés que nous tenons pour acquises. Ils n’ont que peu de liberté dans le choix de leur avenir.»

7. Meghan qui sait que les tabloïds se préparent à révéler au monde entier sa love story avec les conséquences que l’on sait, oublie à cet instant précis de dire qu’elle est une actrice américaine et qu’elle connaît par coeur tous les rouages de la médiatisation et ceux de la communication.

Ils partent faire la fête. La cousine Eugénie et une bande de potes les accompagnent. Le monde entier apprend qu’ils sont amoureux. Meghan: «C’était écrasant». Harry: «Naïvement, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais.»

8. Octobre 2016. Soudain tout a changé. Commentaires glanés sur Twitter: «Meghan a détourné Harry de nous». «C’est l’Antéchrist».

Fin du premier épisode. On reprend du pop corn.

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Capture d'écran de «Harry et Meghan» sur Netflix.

Dukas

Episode 2

1. Ça commence dans une limousine avec chauffeur. Harry et Meghan filmés (par qui?) sont suivis par un dangereux homme (invisible) en scooter. «A l’époque de ma mère, c’était un harcèlement physique», commente Harry. Aujourd’hui, il ajoute la calamité du harcèlement des médias sociaux. Un titre surgit: «Meghan Markle déclare la guerre à la reine». Harry: «Vivre ce déferlement de haine de la part de la presse contre l’amour de ma vie. C’est difficile. (…) C’est le chasseur face à sa proie.»

2. Doria, la mère de Meghan, prend la parole et raconte comment sa fille, en chuchotant, lui a annoncé sa romance avec Harry.
C’est un nouveau rebondissement: Meghan est suivie comme l’a été Diana.

3. Harry met son amour en garde: «Si tu leur souris, c’est que ça te plaît». Ils sont alors l’enjeu d’une course au scoop et tout est permis. Vraiment? Une amie répond: «Oui. Ça leur rapportera des millions.» Les paparazzis paient des voisins de Meghan pour installer une caméra dans son jardin. «C’est comme si ma vie était devenue une île minuscule», dit-elle.

4. Le documentaire aborde le thème du harcèlement. «Mon visage et ma vie étaient étalés partout alors que nous étions encore en train d’apprendre à nous connaître».

5. Changement de direction à nouveau: on revisite l’enfance de Meghan, élevée par sa mère divorcée. «Meghan me disait que je ressemblais plus à une sœur aînée contrôlante. Je ne l’ai jamais oublié», dit-elle.

6. «Notre grande duchesse parmi le peuple», s’exclame Debbie, ex-principale de l’école – la Red School House – que fréquentait Meghan à Los Angeles. Amazing! La principale ressort un petit mot qu’elle lui avait écrit l’enfant de 11 ans en quittant l’établissement: «P.S.: quand je serai riche et célèbre je parlerai de vous et de cette école pour que le monde entier vous connaisse.»

7. «J’étais une intello à l’école, pas la jolie fille.» A 11 ans Meghan porte des grosse lunettes et écrit à une marque de produit vaisselle pour critiquer son spot publicitaire sexiste. Changement de direction: Meghan est la cible d’attaques racistes de la part de la presse. Le prince Harry se fend alors d’un communiqué officiel. Meghan, à la fois femme et noire est devenue une cible légitime aux yeux de la presse à scandale.

8. Métissage ou comment s’identifier?
Meghan effleure la question fondamentale. On est à nouveau au cœur d’une thématique intéressante. Le couple mixte devient un symbole d’ouverture et de compréhension mutuelle dans un monde manichéen. «Mon fils et ma fille sont métis et j’en suis très fier», souligne Harry. On assiste à des moments tendres et vrais. «Je ne veux pas répéter les mêmes erreurs que mes parents», ajoute Harry parlant de divorce et celui des parents de Meghan. Un joli moment de vérité.

9. Changement de cap: le harcèlement se double d’une menace de mort. Steve Davies l’ancien officier de sécurité prend la parole. «C’était du jamais vu», dit le cerbère chevronné. L’entourage de Meghan lui demande alors: «Est-ce qu’il (ndlr, Harry) en vaut vraiment la peine?» Elle travaille au Canada, lui vit à Londres. Le couple s’accroche et continue à s’aimer, malgré tout.

10. La famille royale entre en jeu:
Meghan: «Il y a une manière d’être devant les autres et une fois les portes fermées, tu te dis: «Super, on va pouvoir se détendre.» Mais le côté formel existe aussi de l’autre côté. Et ce fut pour moi une surprise.»

11. Harry raconte le jour où Meghan a rencontré la reine dans la Royal Lodge. «Elle a été surprise par le système.» Meg’ ne savait pas qu’il fallait faire la révérence à la reine. «La révérence à sa grand-mère?», s’étonnent-ils. On pouffe de rire.

12. Le reste de la famille est sous le choc en découvrant Meghan, son intelligence et son charisme: «Mais c’est une actrice américaine et ça ne va pas durer.» Harry persifle. Il commence à se détendre et devient drôle.

13. On comprend que tous les indices lâchés depuis 1h30 vont servir à expliquer les quatre prochains épisodes qui vont attaquer plus directement la famille royale.

14. «Où est ma place?», se demande Meghan dans ce passage où l’on reparle de sa couleur de peau. Lors des castings, on la refusait le plus souvent. Certains, indulgents, disaient: «Elle est métis mais ça ne se voit pas». Meghan s’impose dans la série Suits. Elle prend la parole à l’occasion d’ONU Femmes. «Je suis fière d’être une femme et une féministe», dit-elle sous les applaudissements. Harry est alors persuadé qu’elle sera, en dehors de l’amour qu’il lui porte, parfaite pour le rôle, au sein du clan. «Meghan? C’était comme trouver une aiguille dans une botte de foin».

15. Fiançailles
Joli moment intime quand soudain, l’auteur David Olugosa commente: «Comme tant d’autres je souhaitais que cela (ndlr, le couple) marche. Mais cela a eu lieu au sein d’une nation, engagée dans un débat délétère sur l’Union Européenne.

16. On aborde soudain le Brexit, on parle d’immigration. «Souvent synonyme de racisme», ajoute Olugosa. Une façon d’expliquer que, dans ces conditions, ce conte de fées de la diversité ne pouvait pas fonctionner. Meghan conclut: «Quels que soient mes efforts, ils allaient trouver un moyen pour me détruire.»

Fin de l’épisode 2, plus de pop corn.

Episode 3

1. Leur première interview post fiançailles était une mise en scène ordonnée par la famille royale. A ce stade, on saute à pieds joints sur une question sensible. Comment Meghan – princesse noire – va-t-elle s'intégrer dans une famille qui a alimenté à ce point le colonialisme?

2. La famille royale est dans le collimateur. «Nous n’étions pas autorisés à raconter notre histoire, commente Meghan. Parce qu’ils ne le souhaitaient pas.» Harry rectifie: «Nous n’avions pas le droit de la raconter. C’était la règle.» Meghan: «Jusqu’à aujourd’hui.» Voix off: «C’est pour ça que nous sommes là.»

3. L’esclavage, financé par Elisabeth 1er puis les rois et reines successifs, est au coeur de la formation de l’empire britannique. Meghan de par sa présence aurait permis de faire en sorte que la famille royale se reconnecte avec une partie du pays. La question est laissée en suspens.

4. 1er décembre 2017.
Meghan va prendre son premier bain de foule avec Harry. «C’est quoi un bain de foule?», demande-t-elle. Sous-entendu comment dois-je me comporter avec les gens que je vais saluer. Meghan sera parfaite. Ouf! Harry: «Quelle bouffée d’air frais.» La presse titre: «La magie Meghan».

5. New York 2021.
On fait connaissance avec Daniel, make up artist de Meghan et on aborde le titre de «correspondant royal», ces journalistes envoyés spéciaux auprès de la couronne. La remarque de Harry est intéressante. Il souligne le fait que ces journalistes accrédités semblent rapporter des faits crédibles. «Tous ces correspondants royaux, c'est un vaste coup de pub à la famille royale. Il y a donc un accord qui remonte à 30 ans», avance Harry en avalant péniblement sa salive.

6. Tim Burt, de la Fondation Archewell de Meghan et Harry, avance ceci: «Il y a un accord tacite entre la famille royale et les tabloïds. Entre l’institution et la presse.» Il ajoute: «Les contribuables paient pour la famille royale et en retour, on attend de la famille royale qu’elle se prête au jeu des médias.» En bref: on paie et vous posez. «Et ils (les royals) ont l’impression d’avoir un devoir envers leurs lecteurs.»

7. C'est que l’on nomme «royal rota» ou rotation royale (7 médias principaux) leur permet d’avoir l'accès prioritaire sur une histoire. Harry: «Tous, sauf le Telegraph, sont des tabloïds.» Il ajoute: «Pour eux, cette famille leur appartient. Ils se disent: nous sommes les seuls à pouvoir en faire le récit.» William et Harry ont grandi sous ce régime. Le documentaire s’interroge: «Jusqu’où faut-il jouer le jeu?» Refuser de le faire, c’est tomber en disgrâce. Harry et Meghan en auraient fait les frais.

8. Là on apprend que non seulement le couple est épié et suivi mais aussi leurs amis et les parents de leurs amis. Tout le monde est sous surveillance y compris Doria, la mère de Meghan, devenue professeure de yoga. Un jour, un reporter s’est arrêté à sa hauteur en disant: «J’essaie d’écrire une histoire. Cela pourrait vous rapporter beaucoup d’argent.» Elle a répondu: «Ecoutez, il s’agit de ma fille. Je n’ai rien à dire.»

9. Meghan: «Ils voulaient que la famille de ma mère leur fournisse tous les faits dramatiques nécessaires à leurs articles.» Et elle ajoute: «Ma mère est restée calme et élégante. Mais, l’autre côté de ma famille s’est comporté différemment.» Et là, la demi-sœur de Meghan, Samantha Markle, de 17 ans son aînée, entre en scène. Elle raconte aux tabloïds qu’elle a élevé sa sœur et qu’elle la surnommait «la princesse exigeante.» Meghan dément: «Je n’ai même pas le souvenir d’elle dans la maison de mon père.» Tout ce qui a été écrit, serait donc faux.

10. 5 mois avant le mariage à Noël tout va bien.
Mais, hélas, on découvre que la princesse Michael de Kent porte une broche Blackamoor (portrait d’un Noir en turban), bijou forcément raciste et qui plus est en présence de Meghan. Les figures se référant à l’esclavage – statues portant des chaînes au pieds - sont omniprésentes dans les œuvres d’art de la famille, les tableaux ou les sculptures.

11. Harry: «Cette famille fait souvent partie du problème et de la solution. Il y a beaucoup de préjugés inconscients. Une fois qu’on les comprend et qu’on les identifie, on se doit de les corriger.» Il ajoute: «C’est un travail constant. Y compris pour moi.» Une allusion directe à l’uniforme nazi qu’il portait en 2005, à 20 ans, lors d’une soirée déguisée. «Cela a été l’une des plus grosses erreurs de ma vie. J’ai eu tellement honte après», confie-t-il.

12. Harry parle de son engagement dans l’armée. Dix ans sous l'uniforme, notamment en Afghanistan. «J’ai fait la guerre deux fois.» Il ajoute: «Il y a des blessures qui ne sont pas encore refermées… parce que ma mère était exceptionnelle et le mot est faible.» Moment intense. On aurait aimé qu'il s’attarde sur ses traumatismes. La séquence préfigure ce qu’il écrira dans son autobiographie, Spare, à paraître le 10 janvier.

13. Il ajoute: «En vivant avec des gens normaux (ndlr, les soldats) – ma vie n’est pas normale – cela vous affecte. C’était avant ma rencontre avec Meghan.»

14. Un militaire prend la parole et aborde le thème de la dépression. Il remet un insigne à Harry. Et une femme, militaire, Noire, en remet un autre à Meghan en la remerciant d’avoir «fait sauter des barrières».

15. Février 2018.
A 3 mois du mariage. La fondation royale réunit Harry et Meghan avec William et Kate. Les 4 fantastiques, futur de la monarchie, sont à la manœuvre. Mais, Meghan attire toute l’attention. C’est soudain elle, le leader: elle aborde le mouvement MeToo. «Les causes que soutient la famille royale ne souffrent aucune controverse. Meghan a plus le profil d’une activiste», commente Tim Burt, vice-chairman d’Archwell. Meghan: «Je ne savais pas que ce serait un sujet tabou. Pour moi c’était juste un sujet d’actualité.» Meghan bouscule les traditions.

16. New York 2021.
On apprend que Meghan au sein de la famille royale n’a (n’avait) pas le droit de porter des robes colorées. Et on se demande qui sera invité à son mariage, ou plutôt quel membre de sa famille? 

17. Le mariage approche. On retient son souffle. On reparle soudain du colonialisme et on survole l'idée de Commonwealth. On évoque un crime raciste. La victime de 18 ans, Stephen Lawrence, a été tuée en avril 1993. Harry lui rend hommage.

18. Changement de sujet: Le père de Megan va-t-il l’accompagner le jour de son mariage? C’est la chasse au scoop. Harry: «50 000 ou 100 000 francs pour des photos. C’est fou ce que les gens sont capables de faire pour de l’argent et inventer une histoire en contrepartie. Heureusement, ils ont refusé pour la plupart.»

19. Le père de Meghan, Thomas Markle, 73 ans, aurait touché 100 000 dollars à 5 jours du mariage de sa fille. En contrepartie, il pose pour les paparazzis. Doria, son ex-femme, commente: «Ce n’est pas ça être parent.» A J-4, Meghan apprend par le biais d’un tabloïd que son père ne se rendra pas à ses noces. Il aurait fait une crise cardiaque suite à ce nouveau scandale.

20. Meghan apprend que le téléphone de son père a été piraté. Harry culpabilise: «C’est de ma faute. Si elle ne m’avait pas connu, son père serait toujours son père.» Les liens sont rompus.

21. Le 18 mai, veille du mariage.
On attend deux milliards de téléspectateurs. Mais c’est la fin du troisième épisode de Meghan & Harry. Sans doute le plus intéressant des trois chapitres, mais très insuffisant dans l’ensemble. Après trois heures de visionnage, on reste sur sa faim.
Les questions cruciales – racisme, traumatismes de Harry, fonctionnement de la monarchie – sont effleurées. Le récit haché est pénible à la longue. C'est une déception. 

Les trois prochains épisodes (3 heures) seront diffusés la semaine prochaine.

Par Didier Dana publié le 8 décembre 2022 - 11:26