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Travailler après l'âge de la retraite: à quoi faut-il penser et faire attention

Que ce soit par plaisir ou pour raisons financières, de plus en plus de personnes actives souhaitent continuer à travailler après 64 ou 65 ans. Voici comment cela se passe.

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travailler après la retraite

Que vous en ayez envie ou le besoin, travailler après l'âge de la retraite est une option.

Shutterstock
Redaktor und Berater Martin Müller
Martin Müller (Beobachter)

Dans cet article, vous apprendrez:

  • Dans quel cas vous devez continuer à cotiser à l’AVS et à votre caisse de pension si vous continuez à travailler.
  • Pourquoi cela peut être financièrement avantageux de faire une pause avant de continuer à travailler.
  • Comment procéder pour différer la rente AVS et quelle différence cela fait au niveau financier.
  • Comment intégrer intelligemment le pilier 3a dans votre planification de prévoyance et comment vous pouvez économiser des impôts.

Environ un tiers des hommes et presque un quart des femmes continuent à travailler au-delà de l’âge ordinaire de la retraite, souvent avec un taux d’activité réduit. C’est ce que montrait en 2021 une étude de l’assurance-vie Swiss Life

«Une importante et croissante minorité de la population travaille plus longtemps. Elle le fait largement par choix personnel et par plaisir de travailler», indique Andreas Christen, expert en prévoyance et auteur de l’étude. Selon lui, le départ à la retraite flexible, fréquemment prôné par les politiques, a déjà lieu dans la réalité. «Si l’on tenait compte des préférences des personnes actives, la retraite progressive serait encore plus fréquente.»

Obligation de cotiser maintenue lors de poursuite de l’activité professionnelle

«Si cela ne fonctionne pas toujours ni pour tout le monde, c’est aussi à cause des règles qui sont compliquées et confuses», constate Jeannine Burri, experte en assurances sociales au centre de conseil du Beobachter. Lorsque l’on veut arrêter de travailler plus tôt ou plus tard, il faut prendre en compte une multitude de dispositions relatives à l’AVS, à la caisse de pension, à l’assurance-accidents et au troisième pilier. Cela ne convient pas à tout le monde, génère de l’insécurité ainsi qu’un besoin de conseil.

C’est le cas de Stéphane Bossuat*. Fin 2021, il prend une retraite anticipée, quelques mois avant son 64e anniversaire. Lorsque, quelque temps plus tard, une opportunité se présente pour une nouvelle activité à environ 40 ou 50%, l’ingénieur en électronique s’adresse au centre de conseil du Beobachter: «Si je donne suite, est-ce que je devrai de nouveau cotiser à la caisse de pension? Auprès de celle du nouvelle employeur?».

L’experte du Beobachter explique: «Cela paraît étrange à beaucoup de monde mais – même lorsque l’on perçoit déjà une rente de la caisse de pension de l’ancien employeur – on doit cotiser en tant que pré-retraité à la caisse de pension du nouvel employeur, pour autant que l’on gagne plus de 21'510 francs par année». Lorsque Stéphane Bossuat arrêtera définitivement de travailler, il recevra de la nouvelle caisse de pension une mini-rente supplémentaire ou se fera verser le montant en capital.

Stéphane Bossuat a travaillé durant 15 ans au service de son ancien employeur, sans toutefois être d’accord avec toutes les restructurations. «Je voulais aussi réduire mon taux d’activité et travailler de façon plus flexible.» Lorsque la caisse de pension baisse le taux de conversion, sa décision est prise. Une retraite anticipée lui permet d’éviter cela.

Retraite, pause, reprise du travail

Rebecca Dubois prend sa retraite quatre mois avant la date ordinaire. Elle aimerait toutefois continuer à travailler auprès du même employeur en tant qu’enseignante privée. Elle a, elle aussi, pris une retraite anticipée en raison d’une baisse imminente du taux de conversion: «financièrement, ça n’aurait pas valu la peine.»

Toutefois, si elle continuait à travailler chez le même employeur sans interruption, même avec un taux d’activité nettement inférieur, la caisse de pension considérerait cela simplement comme une «retraite partielle». Cette subtilité de langage a des conséquences financières. En effet, Rebecca Dubois doit continuer à cotiser à la caisse de pension après 64 ans, aussi longtemps qu’elle travaille encore – c’est ce que prévoit le règlement. Si elle est (pré)retraitée, elle a l’obligation de cotiser uniquement si son revenu est supérieur au seuil d’entrée de 21'510 francs. Pour être considérée comme retraitée, elle doit faire une pause d’au moins trois mois. Formellement, il ne devrait pas être prévisible au moment du départ en retraite anticipée qu’elle va reprendre son travail par la suite – ce que la caisse de pension ne peut guère contrôler.

«Je me réjouis de pouvoir de nouveau faire des remplacements comme enseignante», raconte Rebecca Dubois. Elle ne veut toutefois pas s’engager quant au nombre d’heures qu’elle travaillera encore. «Je verrai bien, peut-être que les rentes de l’AVS et de la caisse de pension me suffiront.» Elle a toutefois un souhait à adresser aux politiques: «ce serait pratique si les règlementations de l’AVS et de la caisse de pension étaient identiques ou au moins plus faciles à comprendre.»

Payer des cotisations AVS ou risquer des lacunes

Un souhait qui ne se réalisera pas de sitôt. Pour la caisse de pension, la situation juridique est d’emblée compliquée. S’ajoute à cela que chaque caisse peut prévoir ses propres dispositions dans son règlement. Pour l’AVS, la question est souvent de savoir si l’on doit encore payer des cotisations après la cessation de l’activité lucrative et, si oui, combien.

Dans le cas de Rebecca Dubois, bien qu’elle ait cessé de travailler quatre mois avant son 64e anniversaire, elle avait déjà cotisé suffisamment pour la dernière année, les retenues sur salaire des huit mois précédents suffisent. Dans le cas où, après 64 ans, elle gagne plus de 1400 francs par mois avec les remplacements, elle devra cependant continuer à payer des cotisations AVS. Ce qui est contrariant dans ce cas, c’est qu’elle ne recevra pas un seul franc de rente en plus pour cela, car elle la perçoit déjà. «Si c’est ainsi que ça se passe, tant pis», dit-elle calmement. «Je considère cela comme une contribution de solidarité, étant donné que je suis encore en bonne santé et en mesure de travailler.»

Stéphane Bossuat, l’ingénieur en électronique, a pris une retraite anticipée avant son 64e anniversaire. Il lui manque ainsi plus d’une année entière de cotisation jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite. S’il ne veut pas subir une douloureuse perte qui durera jusqu’à la fin de sa vie, il doit payer la cotisation des personnes sans activité lucrative, calculée sur la base de son revenu sous forme de rente (de la caisse de pension) et de sa fortune – minimum 503 et maximum 25'150 francs par année.

Dans son cas toutefois, la facture se monte à 0 francs: en effet, Stéphane Bossuat est marié et sa femme, de quatre ans sa cadette, travaille encore. Pour autant qu’elle paie des cotisations AVS et que celles-ci se montent au moins au double de la cotisation minimale, soit 1006 francs, l’obligation de cotisation du conjoint est considérée comme remplie. Pour lui s’applique également la règle selon laquelle, s’il gagne plus de 1400 par mois (et par employeur) une fois l’âge de la retraite atteint, il doit continuer à cotiser à l’AVS, même si cela ne lui sert plus concrètement.

«Le fait que tout soit si compliqué est déjà un peu dissuasif», explique Stéphane Bossuat. «Pourtant toute le monde parle de pénurie de main-d’œuvre qualifiée et se dit soi-disant en faveur de solutions de retraite flexible.» Tout n’est pourtant pas complètement négatif: à l’occasion des négociations en vue d’une éventuelle nouvelle embauche, il réalise que les enjeux se sont équilibrés. Désormais il n’a plus impérativement besoin d’un emploi, les rentes suffisent pour l’essentiel.

*Les noms ont été changés

Conseil: à quoi les futurs retraités doivent-ils faire attention

 

Si vous prenez une retraite anticipée et continuez à travailler à temps partiel:

  • Vous devez continuer à payer des cotisations AVS jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite (64 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes).
  • Si vous continuez à travailler et que vous gagnez plus de 21'510 francs par année, vous devez continuer à cotiser à la caisse de pension. Si vous continuez à travailler chez le même employeur sans interruption significative, cela sera peut-être considéré comme « retraite partielle » ce qui implique de rester soumis à cette caisse de pension et de continuer à y cotiser.
  • Les personnes travaillant pour moins de trois mois chez un employeur n’ont pas l’obligation d’être annoncées à la caisse de pension.
  • Vous pouvez continuer à cotiser au pilier 3a : jusqu’à 6883 francs, aussi longtemps que vous payez des cotisation à la caisse de pension. Au maximum 20% du revenu net (mais au maximum 34'416 francs), si vous n’êtes plus affilié à aucune caisse de pension.
  • Vous avez le droit de toucher un ou plusieurs de vos comptes 3a dès que vous avez atteint 59 ans pour les femmes, respectivement 60 ans pour les hommes. Vous avez également le droit de toucher la même année un compte 3a et de continuer à cotiser sur un autre compte 3a.

Si vous continuez à travailler après la retraite ordinaire:

  • Vous devez continuer à payer les cotisations AVS, pour autant que vous gagniez plus de 1400 francs par mois ou 16'800 francs par année auprès du même employeur (celui-ci peut choisir comment il calcule). Ce faisant, vous n’augmentez toutefois pas votre rente.
  • Si vous souhaitez toucher votre rentre seulement plus tard, car vous gagnez actuellement encore suffisamment, vous devez l’annoncer à l’AVS – sinon vous ne recevrez pas de supplément de rente pour l’ajournement. Vous risquez en outre d’arriver dans une classe d’impôt supérieure car vous devrez payer des impôts en même temps sur votre rente AVS et votre salaire. Lors d’un ajournement d’un an, la rente AVS augmente de 5,2% et même de 31,5% lors d’un ajournement de cinq ans.
  • Il n’y a plus de déduction pour l’assurance chômage car vous n’avez plus droit à des indemnités de chômage lorsque vous avez atteint l’âge de la retraite, même si vous perdez votre emploi indépendamment de votre volonté.
  • L’employeur doit continuer à vous assurer contre les accidents professionnels. Contre les accidents non-professionnels également, mais toutefois uniquement si vous travaillez au moins huit heures par semaine chez lui.
  • Il est facultatif pour l’employeur de conclure pour vous une assurance indemnités journalières maladie.
  • En principe, l’obligation de cotiser à la caisse de pension se termine avec l’âge de la retraite AVS. Il se peut toutefois que le règlement prévoie que l’on puisse ou doive cotiser au-delà.
  • Les rentes sont imposées au même tarif que les salaires. Ainsi, si vous touchez une rente de l’AVS et de la caisse de pension et continuez à travailler en parallèle, vous passerez peut-être dans une classe fiscale supérieure et paierez plus d’impôts qu’auparavant. Pour éviter cela, il vaut la peine de différer la rente AVS.
  • Tant que vous exercez une activité lucrative, mais au plus tard jusqu’à 69 ans pour les femmes, respectivement 70 ans pour les hommes, vous avez également le droit de continuer à cotiser au pilier 3a et déduire les cotisations de votre revenu imposable.
  • Indépendamment de si vous continuez à cotiser au pilier 3a, vous pouvez laisser les comptes 3a existants en l’état. Vous n’avez l’obligation de les retirer que lorsque vous n’exercez plus d’activité lucrative, toutefois au plus tard à 69, respectivement 70 ans.

*Traduit de l'allemand (Beobachter)

Par Martin Müller (Beobachter) publié le 13 mai 2022 - 15:00